Joyeux Anniversaire, Apollo 11
À ce qu’il paraît, l’expédition sur la Lune il y a 54 ans nous a peut-être sauvé d’une troisième bêtise.
“Nous sommes venus en paix, au nom de toute l’Humanité.” En Anglais, ça fait plus court: “We came in peace for all mankind.” Cette inscription sur la plaque était signée du Président Nixon. Et le message marquait un contraste remarquable.
À un moment où les États-Unis larguait des bombes incendiaires dans la jungle vietnamienne, déterminé à étouffer une différence—l’idéologie communiste, par opposition à celle du capitalisme—Oncle Sam proclamait dans ce bout de prose notre commune humanité.
Peut-être que c’est une évidence qui s’imposait. Vu les circonstances: Depuis ce rocher désert dépourvu de toute vie, un extraterrestre qui tomberait sur ce message et qui s’aviserait de lever les yeux vers la boule bleuâtre—la Planète Terre—ne saurait a priori proclamer la supériorité d’un Yankee sur un Chinois.
L’extraterrestre s’en foutrait probablement qu’il y ait, pour les uns, un système appelé capitalisme ; et pour pour les autres, l’opposé du capitalisme—le communisme, donc. Il aurait vraisemblablement entrevu des humains tout court, dont les différences ne seraient, à ses yeux, qu’une déclinaison de la pluralité de l’existence sur Terre.
Depuis ce rocher, de la perspective d’un extraterrestre, être humain, c’est être américain, africain, européen et asiatique à la fois. Depuis la surface désertique de la Lune où rien ne pousse, où rien ne respire, le tribalisme des terriens est une ridicule affaire.
À ce qu’il paraît, l’expédition sur la Lune il y a 54 ans nous a peut-être sauvé d’une troisième bêtise. Elle nous a peut-être sauvé d’une nouvelle guerre mondiale, péril que les temps présents ont remis au goût du jour.
En pleine course aux armements, Apollo 11 nous a rappelé à notre destin commun. Malgré nos fantasmes, il n’y a que la Terre, jusqu’à preuve du contraire, pour servir de plate-forme à nos interminables scènes de théâtre—des plus sérieuses au plus farfelues.
Qu’il était, donc, beau ce message apposé au socle du Module Lunaire d’Apollo 11: We came in peace for all mankind. Dans cet océan de tranquillité dépourvu d’aération qu’est la surface lunaire ; dans cet enclos où tout processus d’oxydation est impossible ; là-bas, si le message n’est dérangé d’une main de terrien ou d’extraterrestre, il restera lisible pour des millions d’années à venir.
Il marquera peut-être un lieu de pèlerinage pour les générations d’hommes et de femmes des siècles à venir ; ces hypothétiques voyageurs interplanétaires qui feraient escale là en route vers Mars où au-delà.
“We came in peace for all mankind.” Joyeux anniversaire, Apollo 11.