La Dérive des Sectes et le Danger de l'Aveuglement Spirituel
L'enquête récente de la BBC sur la “Synagogue Church of All Nations” et son fondateur décédé, TB Joshua, jette une lumière brutale sur un problème qui devrait nous alarmer.
D'emblée, il est important de préciser que cet article ne vise pas à dénigrer le religieux ou le spirituel. Encore moins, il ne s'agit pas de médire des morts qui ne puissent se défendre.
Le souci ici concerne les vivants, et le message en est le plus simple possible : le véritable chemin vers le spirituel ne passe pas par la manipulation et la violence psychologique. Le spirituel doit être liberté. Il doit être compassion. Il doit être respect de l'humain.
Il ne doit pas consacrer un divorce total avec le rationnel, conduisant éventuellement à une vile soumission, corps et ame, au guru qui est avant tout un humain marqué du sceau de la faillibilité.
La Bêtise de la Secte
L’histoire de la supercherie des sectes religieuses est plus vieille que le sombre envers du décor exposé au grand jour par l'enquête récente de la BBC au sujet de la Synagogue Church du défunt TB Joshua. Oui, la bêtise des sectes est une bêtise qui persiste.
De l'immolation collective à Jonestown dans les années 80s aux États-Unis à ces pasteurs sud-africains qui font brouter de l'herbe à leurs fidèles, on peut en raconter des tomes sur les dérives et les abus sectaires. En voici un tableau sommaire:
Derrière l'apparente façade de foi et de miracles—et avec l'aide d'une naïveté consentante des victimes—se cache une réalité souvent d’une très grande laideur.
Et dans le cas-ci de la Synagogue Church, ce sont les témoignages poignants d'ex-membres de la congrégation qui relancent le débat sur la potentielle prédation des leaders de secte.
Les victimes présumées du défunt Joshua dénoncent des violences physiques et psychologiques. Elles fustigent des manipulations, des extorsions financières et même des abus sexuels.
Sous réserve de la crédibilité de ces témoins, à visage découvert pour la plupart, il s'agit là de pratiques à vous retourner le sang, à vous révolter. Mais comment un homme en arrive-t-il à s’abandonner—en un tel état de soumission absolue—à la merci d’un autre homme ?
Les Facteurs de la Dérive
À partir des témoignages—et sur la base de la longue histoire des sectes religieuses—plusieurs facteurs peuvent être mis en exergue. À la base, il y a la quête de sens et de spiritualité, qui découle d’un besoin naturel de croire—une impulsion évolutionniste que reconnaît la Psychologie moderne.
Face à un monde incertain et complexe, l'on est tenté de se tourner vers ceux qui ont le courage de passer pour des bras-droits de Dieu, et qui sont prompts à nous offrir des réponses toutes faites. Mais le piège est évident.
La nudité de notre besoin de transcendance est un point névralgique. C’est un axe de vulnérabilité qui puisse nous exposer à l’exploitation par des leaders charismatiques sans scrupules, des leaders dont le désir le plus profond est de passer pour Dieu lui-même.
Et l’avantage du guru sur l’adepte est qu’il jouit souvent d’une grande intelligence émotionnelle, ce qui lui permet de manipuler le naïf en jouant sur ses émotions—notamment sur ses peurs, sur sa culpabilité et son sentiment acquis de loyauté.
Toujours selon les témoignages, une fois qu'un individu est pris au piège d’une secte, il est souvent isolé de ses proches et de son environnement social.
Cela lui rend plus difficile de remettre en question les croyances et les pratiques dont il est désormais l’otage. Mais il faut dire ceci:
Les sectes ne prospèrent et ne parviennent à faire des victimes, à prendre des otages, que souvent grâce à cette alliance incestueuse avec la corruption.
Voyez-vous, une secte est avant tout une machine à sous. Oui, les leaders de secte sont motivés par l'argent, par le pouvoir, ou par les deux.
Et ils sont capables de commettre des abus—dont la pratique consistant à soudoyer quand c’est nécessaire—afin de maintenir leur emprise sur leurs adeptes. Que faire?
D’abord au niveau individuel, il faut cultiver l'esprit critique et se méfier des personnes qui prétendent détenir la vérité absolue. Nul n’a le monopole de Dieu. Aucun guru n’est plus proche du divin que vous ne l’êtes. Jesus se faisait-il payer pour faire entendre la parole divine?
Non, la différence entre le guru et l’adepte est tout simplement dans le rapport de force psychologique. Il faut se convaincre qu’il n’y a rien de transcendant dans l’aliénation mentale, la servitude psychologique.
Toutefois, la précaution individuelle n’est pas suffisante, surtout quand il s’agit de protéger les personnes vulnérables—celles-là qui sont ivres de crédulité, naïfs à se faire conduire à l’abattoir pour prouver leur dévotion.
L’Etat a l’obligation de veiller sur ces personnes vulnérables. L’autorité publique devrait renforcer la législation afin de prémunir le citoyen contre l'abus et la dérive sectaire. Mais attention!
S’attaquer à la prédation sectaire ne devrait jamais déboucher sur l’hystérie, avec une mise en accusation systématique du fait spirituel et religieux.
Ce à quoi il faut s’attaquer, c’est l’abus dans le mercantilisme spirituel—la commercialisation à outrance du divin, avec l’ironie qu’elle dépouille de sens les Dix Commandements.
La raquette est-elle de Dieu? Qu’y a-t-il de transcendant dans le libertinage sexuel, surtout exercé aux dépens de pauvres personnes toutes naïves?
Non, le dévoiement spirituel n’est pas spirituel. Il est donc indispensable de promouvoir une vraie compréhension du spirituel et le respect mutuel entre les différentes confessions de foi, afin de créer un environnement moins propice à l'émergence des sectes.
Fin Mot
L'affaire de la Synagogue Church est un triste rappel des dangers qui peuvent se cacher derrière le masque de la religion.
Il est de notre devoir, collectivement, de lutter contre ces pratiques abusives et de protéger les plus vulnérables de l'emprise de ces gurus sans grâce et scrupules.
Encore une fois, le véritable chemin vers le spirituel ne passe pas par la manipulation et la violence. Le spirituel doit être liberté. Il doit être compassion. Il doit être respect de l'humain.