Face au Péril Collectif, le Piège des Principes Inutiles
L'endoctrinement de l'élite vouée à perpétuer le système Françafrique est un obstacle à l'union sacrée face à la menace terroriste.
L’opium peut se présenter sous des emballages déguisés. Je veux dire par là que l’intelligence est une chose, et que l’endoctrinement en est une autre. Il faut éviter le piège de l’endoctrinement.
Dans un contexte où des Burkinabé perdent leurs vies dans la défense de la nation, c’est excessivement indécent d’insister à diverger quand le sacrifice temporaire qui nous est demandé est de penser dans le sens de l’urgence et de l’union sacrée.
Si, en ce moment, quelqu’un pense que la désunion et les tiraillements au sujet de ressentiments personnels et d’intérêts partisans très dérisoires relèvent d’une conduite de sagesse, je voudrais bien entendre son argumentaire.
En revanche, la répétition mécanique d’éléments de langage tendant à promouvoir des vertus dans l’air—des vertus qui se moquent du péril qui se pose à la nation—me paraît une illustration du vrai travers de de l’éducation reçue à l’école décadente de la FrancAfrique.
Oui à l’état de droit. Mais qu’est-ce que l’état de droit quand il devient une profession de foi qui vous détourne de l’action décisive, vous distrait face au meurtre et au massacre orchestrés via une guerre mystérieuse—une guerre par procuration?
Voyez-vous? Un certain 7 juillet à Londres, la folie d’une poignée de terroristes—en une seule journée—fait 52 morts et quelques 770 blessés. La réaction du gouvernement?
Eh bien, le vote et l’entrée en vigueur du Terrorism Act 2006 destiné à éviter que les privilèges citoyens en temps normal n’entravent les opérations d’urgence nécessaire pour la sauvegarde de la sûreté nationale.
Et qu’est-ce que le Royaume Uni? Jusqu’à preuve du contraire, c’est la plus vielle démocratie qui survive sur la surface de la terre. Voyons le parallèle avec le Burkina Faso:
Plus de 8 ans de lutte contre des terroristes armés d’une main invisible; plus de 2 millions de déplacés internes; plus de 10 mille morts; plus de 40% du territoire en proie à l’insécurité; des jeunes combattants (soldats et VDP) qui n’ont pas le luxe de philosopher au front face à un ennemi violent qui ne prend pas de prisonniers.
Et en face de ce Burkina aux abois, une France dont la vieille tutelle est désavouée; donc une France revancharde qui a abattu sa première carte—la sanction par la suppression de l’aide.
Dans ce contexte, des burkinabé se croyant en sûreté dans les grandes villes insistent à pensailler comme en temps de paix, même quand un tel luxe bien bourgeois favorise la division; même quand cela contribue à destabiliser les stratégies nationales contre le sabotage éventuel, contre le meurtre et contre le massacre.
Que conclure alors de ce parallèle? Au bord de la Tamise, la mentalité est flexible. À l’épreuve de la réalité, on ajuste les principes qui sont inutiles quand ils favorisent la mort.
En revanche, au bord du Barrage de Tanghin, on fonctionne comme ces vieux manuels scolaires qui continuent de lister Pluton parmi les planètes. Quelle mentalité carrée!
Encore une fois, l’intelligence est une chose, et l’endoctrinement qui s’ignore en est une autre. Il faut éviter le piège de l’endoctrinement qui s’ignore.
Pluralité de l’opinion, liberté d’expression, droits à ceci ou cela: Il faut éviter que l’adhésion quasi intégriste au cumul de ces notions ingurgitées ça et là ne devienne une charge de plomb mortifère autour du cou au moment même où on se débat comme un beau diable contre la noyade.
On cite souvent le premier president Kenyan, Jomo Kenyatta, qui remarqua une fois avec grande pertinence: “Quand les missionnaires sont arrivés, les Africains avaient la terre et les missionnaires avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés. Quand nous les avons ouverts, ils avaient la terre et nous avions la Bible.”
La démocratie imposée aux Africains francophones au sortir de la Conférence de la Baule s’est substituée à la Bible à laquelle l’européen civilisateur a tourné le dos.
Comme la mise à sac de la Libye l’a démontré, la démocratie et le culte des libertés individuelles sont le nouveau cheval de troy dont on se sert pour distraire l’Africain, le détourner de ses terres et de ses mines.
Si la leçon d’histoire a été apprise, l’Afrique—quelque soit le culte en vogue—devrait à jamais prier les yeux grands ouverts.
Dans cette guerre par procuration imposée au Sahel, se positionner contre l’urgence de l’union sacrée, c’est choisir le camp de la terreur.
Et si vous faites ce choix, il vous faudra l’assumer avec courage face aux masses africaines en révolte qui ne manqueront de vous assimiler aux ennemis de la renaissance africaine.